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Jean Caujolle, maître fantôme du karaté

Jean Caujolle dispense des cours aux élèves du club Embukai Karaté Louans. Il a commencé cette discipline en 1961, à l’âge de 18 ans : « À l’époque, les gens qui fréquentaient les salles avaient fait l’Indochine, l’Algérie. Ils avaient vu la mort de très près. Ils se sont mis à s’entraîner, ça les cadrait. »
Son savoir lui a été enseigné par Henry Plée, le pionnier des arts martiaux en Europe, qui a créé la première école en France, le dojo de la Montagne Sainte-Geneviève, dans les années 1950, et fait venir pour cela des experts japonais, appelés « les montagnards ».
Aujourd’hui, Jean Caujolle se déplace pour transmettre cet héritage : « Tout le monde peut pratiquer. Femmes, hommes, enfants, adolescents, personnes âgées, avec un handicap Tout peut se transformer. »
Élève de Jean depuis 1995, Thierry Ménager, professeur de karaté et président du club de Louans, décrit : « C’est le maître fantôme. Il n’a pas de club fixe, il se déplace. Et il déteste qu’on l’appelle maître. Mais c’est dans le sens de guide, de panneau indicateur. L’important n’est pas le but, mais le chemin parcouru. D’où l’étymologie de karaté-do, puisque le do veut dire chemin. »
Jean Caujolle éclaircit : « Maître, ça fait gourou. On ne veut pas créer des clones mais que chacun soit lui-même. » Le karaté, pour eux, c’est avant tout l’expression de ce que l’on est à l’intérieur : « Certains attachent beaucoup d’importance à l’aspect extérieur mais, le plus important, c’est le ressenti. »
Un ressenti qui s’exprime avec la technique, développe Thierry Ménager : « Elle reste importante : on apprend le mouvement et, après, il faut émettre des sensations. Il ne faut pas parler à l’intellect, mais à quelque chose de plus global, propre à chacun. » Cette façon de penser la technique, c’est le shotokaï.
Jean Caujolle raconte : « Je m’entraîne le jour, la nuit, c’est quand ça me prend. Je sens des choses, et j’essaie de les mettre en pratique. Je les fais au moment où je ressens l’envie de les faire.
« Il y a des règles dans le sport alors que, dans les arts martiaux, ce sont des principes qu’on applique au quotidien. Le karaté, c’est une façon de vivre. »
À l’origine, le karaté n’était pas un sport, rappelle Thierry Ménager : « Ce n’était pas de la compétition, c’est devenu un sport ensuite. C’est pour cela qu’on dit que l’on fait du karaté traditionnel, par opposition au karaté sportif. »

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